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Le rôle des mots

Mardi 6 août 2013 à 19:38

 Les bras à nouveau fort de son ami la retinrent avec fermeté. Telle une poupée de cire, comme assoupie, elle irradiait d'un charme indélébile inexplicable. La peau du mage d'argent s'était tendue, ses rides avaient fondu et bien qu'il avait retrouvé sa vigueur, l'heure ne se prêtait aucunement à être détendu. Il maintenait Aélys par le bas du dos et sa tête, tournée vers le ciel, tendait son cou, fin et irrésistible. Il la redressa avec délicatesse et posa à nouveau ses lèvres sur les siennes, se sentant redevable et contraint à la réveiller. Pour s'échapper, ils devaient être tout deux alertes.

Attendant que la jeune demoiselle sorte de ses songes, Sean les libéra de leurs chaînes en claquant des doigts et commença l'élaboration de son plan. Le mage d'or à proximité nécessitait une diversion de taille pour leur permettre de recouvrer la liberté. Il se lança dans un long rituel. Il récita une kyrielle de mots insensés et déjà le ciel s'assombrissait.

Le coucher de soleil, pourtant magnifique s'éteignit petit à petit. Les nuages se postèrent dans le ciel et un orage, étonnement chargé de nombreux éclairs éclata.

 

De son côté, le roi Minas, captivé par le petit dragon, occulta ce changement climatique soudain. La foudre frappa en plusieurs endroits. Ces flashs se rassemblèrent et formèrent bientôt une gigantesque silhouette ; un rapace gargantuesque, dont l'énergie crissait à chaque battement d'ailes, constitué et recouvert d'une électricité à haut voltage. Cette créature mystique les occupera un bon moment, pensait il.

Mardi 6 août 2013 à 21:30

Aélys se réveilla difficilement, d'abord seulement son esprit, puis lentement son corps. Elle avait senti les bras de Sean retrouver leur puissance et ses chaînes se détacher de ses poignets. Elle se releva, vacillant encore légèrement, et se mit debout. Maintenant, il fallait sortir d'ici.
Tandis que le mage terminait sa formule, la jeune femme retira l'une de ses barrettes et crocheta la serrure de leur cellule. Elle brisa l'une des assiettes en terre cuite qu'on leur avait donné pour le repas et choisit un morceau acéré. Elle entrouvrit délicatement la porte et, avec une rapidité fulgurante, elle trancha la gorge de leur geôlier. Ils devaient faire vite, dans peu de temps, l'alerte serait donnée.

***

A l'autre bout du château, le roi Minas tentait désespérément de remettre de l'ordre dans ses troupes. La plupart des gens fuyait, et le reste était dispersé à la poursuite du petit dragon. Soit, il allait devoir régler les choses lui-même. Il sortit de sa tour d'observation, réquisitionna quatre gardes et se dirigea d'un pas pressé vers les prisons. Ce qu'il trouva là-bas le mit hors de lui : un garde égorgé baignant dans son sang et la porte de la cellule grande ouverte.

"Retrouvez-les ! Et gardez-le vivant, je veux le tuer moi-même...
- Et la fille, sire ?
- Faites-en ce que vous voudrez, je m'en fiche ! Exécution !"

Les soldats partirent en courant et le roi se rendit dans la cour du château, où l'oiseau de foudre détruisait tout sur son passage.

Mardi 6 août 2013 à 22:08

 L'oiseau rugissait et avait créé un chaos de guerre dans toute la citadelle. Ses cris stridents résonnaient loin et ses déplacements n'étaient pas aisés à prévoir. Il s'acharnait parfois sur des fuyards et les ignoraient tout bonnement, d'autres fois. Sa furie et son instinct avaient pris le pas. Sean s'était contenté de l'invoquer en le laissant vagabonder. Même pour un mage d'argent, garder le contrôle d'une invocation de ce niveau sans se concentrer au maximum était impossible. Évidemment, le géant, trop occupé à s'évader avait agi plus par dépit que par stratégie.

D'ailleurs, les deux prisonniers repoussaient les gardes avec acharnement. Les sbires du roi affluaient de plus en plus, depuis que la corne de brume avait retenti dans l'enceinte du bâtiment. Malgré toute la puissance magique de Sean, il éprouvait une difficulté incroyable à repousser ces assauts. Plutôt habitué aux combats magiques, qui exigeait de pouvoir se concentrer sans bouger, qu'aux corps à corps vifs, il subissait les afflux d'hommes. Pourtant, grâce à Aélys, ils progressaient dans la prison et bientôt, ils en trouvèrent la sortie. Alors qu'ils s'apprêtèrent à sortir, une fumée épaisse apparût soudainement, dans une explosion bruyante. Un combattant furtif venait d'entrer en scène. Sean, décidément, se sentait acculé, dans ces échanges physiques brutes, ou ces combats basés sur les réflexes. Il se posta dans un coin de la pièce et lança ses ordres à Aélys, presque trop occupée avec les derniers renforts pour l'entendre.

« Aélys ! Je dois reprendre le contrôle de mon sort... Sinon, il serait capable de nous tuer. Le problème, c'est que je ne peux pas bouger. Je vais mettre en place un bouclier, mais j'ai besoin de vous pour me couvrir... ! »

 

Dans la cour du château, plus rien ne tenait debout. Même les hommes les plus vigoureux s'étaient couchés de peur. Seul Minas, majestueux s'élevait encore. L'oiseau semblait plus calme et plus posé. Immédiatement, le mage d'or reconnût dans les yeux de la bête le regard de Sean puis il ferma les yeux en chuchotant. Un rayon de soleil vint frapper le roi, comme un projecteur divin. Le soleil retrouva ses couleurs vespérales et les nuages s'étaient dissipés aussi vite qu'ils étaient apparus. Dans une similarité au sens évident, les rayons du soleil, intenses malgré le début de la nuit firent naître une des créatures les plus exceptionnelle. Si incroyable dans sa constitution, sa force et ses capacités, qu'elle avait donné sa couleur au grade le plus élevée de n'importe quelle école de magie : l'or.

Un phénix venait d'apparaître dans un retour de flamme. Un oiseau indestructible, forgé dans le soleil. Si luminescent qu'il décidait du jour et de la nuit. Une seule de ses plumes aurait décimé n'importe quelle forêt, quelque soit sa taille, en seulement quelques secondes. Les deux mages immobiles, concentrés, allaient combattre par oiseaux interposés et la chaleur du nouvel arrivant ailé donna des sueurs froides à tous, sauf à son maître.

Mercredi 7 août 2013 à 0:58

Depuis qu'ils avaient quittés leur cellule, Aélys n'était plus la même. Une mèche de cheveux barrait son front, cachant légèrement son regard qui s'était assombri. Impassible, les étincelles avaient totalement disparues du miel velouté de ses yeux. Ses vêtements étaient sales, déchirés, maculés du sang de ses victimes. Aucun son ne sortait de sa bouche, son souffle était régulier et ses mouvements fluides, rapides et fatalement précis.
Une fois sur les remparts, la tâche se simplifia pour la jeune femme. Le chemin était étroit et ne permettait qu'à une personne d'avancer pour se battre. La brunette entendit à peine ce que Sean lui dit. Elle se posta devant lui, prête à le protéger coûte que coûte. Chaque soldat tombé au combat basculait dans la cours. Combien étaient-ils ? Dix ? Vingt ? Cent ? Sans même compter, la jeune dragonnière exécutait tous ceux qui s'approchaient d'elle.

***

Plus haut dans le ciel, le petit dragon observait la scène avec appréhension. Il n'était pas de taille à se battre contre ces immenses oiseaux. Il aperçut enfin sa maîtresse sur les hauteurs du château. Il s'approcha d'elle, lui communiquant toute la joie qu'il avait de la voir de nouveau sur pieds. Ils eurent un bref échange et il s'envola de plus belle, et se dirigea vers le roi d'or. En gardant ses distances, il entama une discussion télépathique avec ce dernier.

"Où est l'eau ?"

Ses grands yeux d'or le fixaient avec intensité.

Jeudi 8 août 2013 à 19:52

 Sean était serein. Sa sœur d'armes lui apparaissait comme la plus impitoyable des assassins. Il pouvait se concentrer pleinement sur cette dure bataille qui l'attendait. Sa toge argenté brillait de milles éclairs. Étincelante, pure et aveuglante. Cette accumulation de lumière rendait Aélys indiscernable et les soldats, piètres combattants, se faisaient décimer. Le sang giclait de partout et nonchalamment, une demoiselle aux cheveux courts et gris grimpait les marches. Une sorte de bikini blindé la recouvrait. D'étranges habits, qui couvraient d'avantages ses parties intimes qu'ils ne la protégeaient. Elle tenait dans sa main, fermement, une épée dorée, creusée de sillons profonds, presque invisibles. A sa seule vue, les gardes avaient déserté les remparts. Sans dire ni merde ni bonjour, elle lança un coup à Aélys. L'arme, scindée en plusieurs parties, s'était étendue comme un fouet ravageur. La jeune brunette devait réagir. Cet ennemi était définitivement d'une autre trempe que ces troufions incapables de combattre. Sean connaissait cette dame à l'épée. Ivy. Mais, les yeux fermés, trop concentré, il ne pouvait communiquer son savoir.

 

Le roi Minas avait souris face au petit dragon, qui, sûr de lui, avait posé sa question avec force. Amusé, il le provoqua.

« Un petit dragon, avec des yeux dorés. Ça me rappelle beaucoup de souvenirs... Tu sais comment j'ai eu cette toge, que je porte fièrement ? J'ai tué un dragon. Il avait ces mêmes yeux dorés. C'était une femelle si je me souviens bien... Elle était faible. Comme toi. ».

Concentré dans son monologue, le roi Minas snobait complètement le géant, qui en profita. Son oiseau fonça à grands coups d'ailes sur le mage. Le phénix, immobile, le laissa passer. Et le roi esquiva facilement l'attaque.

  • C'est impossible ! Comment peux-tu bouger en contrôlant un phénix en même temps ?!

  • Ça s'appelle le talent, imbécile. Sais-tu à qui tu parles ?

Son phénix se déchaîna sur l'oiseau tonnerre, la foudre brûlait et un cri suraigu de douleur sortit de la bête-foudre assaillie. Une grosse goûte de sueur dégoulina sur la joue de Sean, qui, déjà, faiblissait.

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